Il a fallu attendre 70 ans ( 1785-1851) de procédures interminables pour obtenir de la part des habitants du Port leur indépendance……..

L'histoire du Port

histoire
Les Ourtrigous

1785-1851

Une seule commune existait alors, celle de Massat, ancienne seigneurie de vaste étendue qui comprenait les territoires de Biert et du Port.

Les raisons évoquées par les habitants de Biert et du Port pour créer leur propre commune étaient multiples  :

♦ un territoire très étendu, les gens se déplaçaient à pied, les administrés perdaient énormément de temps pour effectuer les démarches administratives ; pour une simple naissance, il fallait 4 heures de marche et 2 heures d’attente à la mairie.

l’état des chemins qui menaient à Massat manquaient d’entretien et il était parfois dangereux d’effectuer le trajet jusqu’au Chef-lieu.

♦ une population de plus en plus nombreuse (2200 habitants sur Le Port, 2565 pour Biert et 3922 pour Massat).

Les services rendus par l’unique mairie de Massat étaient largement insuffisants, l’état civil très lacunaire.

♦ le nombre d”affaires à traiter allait croissant pour l’unique mairie qui avait du mal à y faire face.

♦ concernant les taxes, la commune de Massat, classée en première catégorie, portait le niveau de l’imposition au plus haut. Or les habitants de Biert et du Port étaient bien moins riches que ceux du bourg. Les modestes chaumières ne pouvaient être comparées aux riches demeures de Massat.

♦ sur le plan financier, Biert et Le Port recouvraient une bonne partie de l’imposition totale de la seigneurie, et Massat en absorbait la plus grande partie, d’où un sentiment d’injustice chez les administrés du Port et de Biert.

les deux communes demandaient à avoir des mairies humainement et géographiquement plus proches d’elles.

28 juillet 1828:  un mémoire, transmis au Conseil départemental et au Ministère de l’Intérieur, fût écrit par les habitants du Port .

La proposition fut étudiée sous réserve de l’acquisition définitive par la communauté des biens de Mr Delpla et de Mr Roquemaurel. Effectivement, le domaine forestier et les pâturages situés sur les 3 secteurs ( Biert, Massat et le Port) indispensable à la survie des habitants des vallées appartenait pour les trois cinquièmes à ces messieurs.

→  23 septembre 1832: l’État autorisa l’achat, et l’acte fut signé. D’après les projections, cette acquisition aurait due être remboursée en vingt ans, les revenus liés à cet achat étaient potentiellement important, mais l’affaire ne se déroula pas comme prévu…..

→ 7 juillet 1833: les Élus de la section de Massat s’opposèrent  mainte fois à cette division, pour des raisons diverses, mais surtout celle concernant l’exploitation d’un droit égal des montagnes achetées  par chacune des nouvelles communes.

10 mars 1834: les relevés topographiques faits,  les plans des nouvelles communes furent certifiés par le géomètre en chef de l’Ariège.

5 juillet 1839:  l’énergie des habitants de Biert et du Port qui portaient le projet ne s’étant pas affaiblie, ils se prononcèrent pour la division à nouveau, suite à l’autorisation du Préfet de l’Ariège d’organiser des élections dans les sections de Biert et du Port.

31 août 1840:  le Conseil Général de l’Ariège ajourna la demande, pour des raisons politiques mais aussi à cause de l’affaire des montagnes (point le plus bloquant). La communauté de Massat n’ayant pas su faire face au remboursement du prêt, s’est retrouvée à plusieurs reprises poursuivie par ses créanciers et menacée de restituer les biens.

15 septembre 1848: les populations, exaspérées, commencèrent à se révolter et s’emparèrent à nouveau du dossier. La dette des montagnes ne cessait d’augmenter, la gestion de cette affaire par la seule commune de Massat fut alors vivement critiquée, la situation administrative et financière était des plus désastreuses. Nous avions plus de 8900 habitants pour une seule commune, alors que de nombreux cantons comme celui de Vicdessos, peuplé de 900 âmes, était divisé en onze communes.

11 juin 1850: décision du Préfet et du Conseil Général qui statuèrent, enfin,  en faveur de la division du territoire en trois entités : Massat, Biert et le Port.

23 janvier 1851: délibération de l’assemblée nationale en faveur de la division de la commune de Massat en trois communes.

1901-1902: délibérations des communes de Massat et du Port en faveur de l’acquisition des Montagnes constituant 2806 hectares de biens en nature de bois, bruyères, pâturages vacants et rochers appartenant aux consorts Molle Sentenac Brunet et Roquemaurel au moyen d’un emprunt, (autorisé par décret du  14 mars 1902)  de 104906 francs pour Massat et de 73093 francs pour le Port.

12 décembre 1910: aprés procés verbaux d’expertise et  l’état des parcelles à acquérir, acquisition par acte notarié.

27 novembre 1910: considérant que pour prévenir les difficultés et les irrégulatiés auquelles la gestion de ces biens pourrait donner lieu, les deux communes ont délibéré pour que soit institué une commission syndicale des montagnes  pour l’administration des biens acquis en commun.

23 janvier 1911: Décret présidentiel instituant la Commission Syndicale des Montagnes composée de 7 membres: 4 pour la commune de Massat qui comptait 3267 habitants et 3 pour la commune du Port qui comptait 2124 habitants.

Le moulin de Goua
Le hameau de Goutets
le site de Peyresaulère

Le moulin du Goua del Bergé

Construit en 1708,  sa construction fut autorisée par la vicomtesse Jeanne-Rose de Foix-Rabat. Le canal  amenait l’eau au moulin du Port qu’on appelait le moulin du Goua del Bergé.

C’était alors le seul moulin de la commune du Port. Les moulins de la vallée de l’Arac et de las Alès seront construits bien plus tard. On fit une fête en compagnie de la seigneuresse pour fêter le grand moment. Il fut construit car les habitants du Port, d’Arac et des Ourtrigous devaient aller à pied au moulin de Massat pour faire moudre leurs grains.  Ceci leur posait des problèmes en période hivernale à cause de la neige qui limitait fortement les déplacements pendant deux à trois mois de l’année.

 La majorité des gens étaient des cultivateurs. Pour se nourrir, la majorité des gens avaient un jardin. Cette activité était totalement dépendante du climat.

Les villages d’estive de Goutets, de Lamarda, de Peyresaulère et de Garassoula sont des témoins remarquables de l’activité agropastorale d’autrefois.

Ces constructions en pierres sèches (lauzes de schistes), posées là depuis le XIXe siècle, démontrent aujourd’hui le savoir-faire des bâtisseurs-bergers, leur soin et leur goût aussi, malgré l’extrême pauvreté des moyens.

Ces villages de pierres sèches accueillaient de juin à septembre les bergers et les bêtes, et les familles qui transhumaient vers les différents hameaux. Les granges sont implantées près d’un point d’eau et réparties autour d’une place. La vie communautaire pouvait continuer là, à 1 440 m d’altitude : fabrication du fromage, du beurre, élevage de lapins, poules pour nourrir les familles présentes sur les estives.

Le cortal servait à fabriquer le fromage mais surtout le beurre. La grange étable recevait le bétail, construction dite en bâtière, seule la charpente et le treillis du fenil est en bois (hêtre). La cabane du pâtre est une construction autocharpentée, sans liant, avec voûte en tas de charge. Le Mazuc, de petite taille et semi-enterré, servait à affiner les fromages ou à conserver le beurre.  Des abris pour accueillir les petits animaux : niche à chien, soue à cochon, poulailler… Et puis des parecs, enclos bâtis, pour le parcage des bêtes…

La Route du beurre. « route qui était empruntée depuis Goutets jusque dans la vallée pour vendre le beurre.»

http://philippe.cabau.pagesperso-orange.fr/le_port.htm

1708-1900

1800-1900

L’économie du fer

Sous l’Ancien Régime, l’échange de matières premières entre les vallées de Massat et de Vicdessos était important. Il fut autorisé par un accord passé entre le vicomte de Couserans et le seigneur de Vicdessos.

L’activité de la vallée était principalement concentrée autour des économies du fer et du bois depuis le 17ème siècle. La fabrication du charbon de bois se faisait dans les forêts de la vallée qui étaient fort nombreuses. Matière première de tout premier ordre, le bois, et donc les forêts, furent tout d’abord laissés à la libre disposition des habitants pour le chauffage, la cuisson, la construction et le charbonnage.  Les arbres étaient abattus pour la réalisation de meules afin d’obtenir le charbon de bois « à l’étouffée » via des meules.
Les endroits où l’on faisait ces meules s’appellent des charbonnières et étaient  fabriquées dans la forêt des Cramadices et dans le bois de Maroncelles.

Le transport s’effectuait au moyen de charrettes appelées voitures ou à dos de mulets. Ils passaient par le col du port de Lers, situé entre le pic des 3 Seigneurs et le mont Ceint . Culminant à 1517 m, ce col était praticable une grande partie de l’année, lorsque la neige n’en bloquait pas l’accès.

Après ce passage, les voitures ou les mulets chargés de minerai traversaient des pentes douces pour rejoindre la vallée de la Courtignou, jusqu’au lieu appelé la Descargue, terme qui signifie la décharge. Ils le travaillaient pour en faire de nombreux outils, des clous et autres objets de la vie courante.

Le minerai de fer était destiné aux forges de la vallée de Pontets, Lirbat et le Vergé situé à le Port. Les forgeurs transformaient ensuite ce minerai en fer plus ou moins pur.

C’était une époque où les charbonniers étaient très nombreux dans toute la vallée de Massat. Cette activité s’éteignit au XIX° siècle.

On trouve sur le Port les forges de Lisparten et du Verger, dominées par les mines de Labadas (terme qui signifie les dalles), qui sont trois belles galeries distantes d’environ une cinquantaine de mètres. Non loin, se trouvent les mines de Cataga et de la Ferrasse,  et la forge de Martinat (le martinet) sise dans le quartier des Ourtrigous (les orties).
De l’autre côté de la vallée, dans le bois du Tail, trois autres mines (le Tail et les Rochers d’Aussiès) se présentent également sous forme de galeries. Quant à la haute vallée de l’Arac, la forge de la Foulie est l’un des sites les plus emblématiques de cette économie.

http://philippe.cabau.pagesperso-orange.fr/l_economie_du_fer.htm

Commémoration de l'armistice du 11 novembre

Les migrations des gens de la vallée existaient depuis bien longtemps: il n’était pas rare de voir partir les habitants dans les contrées où l’on avait besoin de main d’œuvre pour moissonner, ou dans les endroits où l’on travaillait le minerai de fer. Certains se lancèrent dans le colportage ou la fabrication de l’eau de vie. De nombreuses écoles virent le jour avec les lois Ferri, l’école obligatoire et laïque fût un puissant vecteur d’alphabétisation : on en comptait 6 sur notre commune. Le français était imposé comme langue nationale au détriment des dialectes locaux. On y apprenait également la propreté, et, grâce à cet enseignement, on installa dans les différents hameaux les différents lavoirs. Avec l’exode rural, le nombre de classes décrut fortement au cours de la première moitié du XXe siècle.

Le traumatisme le plus important vécu dans les premières années de ce nouveau siècle fut la Grande Guerre, où de nombreux jeunes perdirent la vie, mais aussi des pères de familles, laissant veuves et orphelins : 67 noms inscrits sur notre monument aux morts.  La chapelle de Saint Martin , à la sortie du Port direction Massat, est un monument qui a été construit durant leur absence pour prier, pour espérer le retour de celui qui était parti là-bas…. Cette guerre provoqua un grand coup à la vitalité de notre vallée : l’exode fut le seul salut pour certaines familles, beaucoup partirent dans les grandes villes, Toulouse, Saint-Gaudens…  

Mais la commune s’ouvrait alors au progrès : les routes, l’électricité, l’eau courante et la mécanisation facilitèrent la vie de ceux qui étaient restés. Pour la petite histoire, c’est en 1925 que les élus de notre commune refusèrent l’électrification de la commune pour des raisons financières, mais surtout à cause du peu d’intérêt que cela représentait pour eux. Il fallut attendre 1935 pour que le projet soit accepté, et se réalise à travers un emprunt communal fait sur 30 ans.

La seconde guerre mondiale plongea notre pays dans le chaos et on vit encore tomber les habitants sous les balles de l’ennemi. C’est le 11 novembre 1942 que les allemands envahirent tout le sud et par conséquent notre commune.  Ils instaurèrent des contrôles sur les routes, des postes de surveillance au niveau des crêtes, et s’installèrent dans certains villages.

Nous avions des réseaux de passeurs, pour lutter contre l’ennemi : le café du village du Port, tenu par Michel et Aricie Sutra servait de relai de sécurité et de lieu de rendez-vous pour ceux qui voulaient passer la frontière.  Ils poursuivaient ensuite jusqu’à Mouréou (fin de la route) en voiture avec Jean Bénazet dit Piston. De là, ils continuaient à pied jusqu’à la cabane du Courtal de Bastard où le berger Garrabé les informaient des dangers éventuels. Si la voie était libre, les réfugiés et leur passeurs marchaient jusqu’à Bispou, franchissaient la crête à l’Escale, le Garbet, l’Etang bleu jusqu’à la frontière espagnole. Cette longue marche durait 18 heures.

Dans le but d’améliorer la sécurité de la zone du Port, un maquis vit le jour en avril 1943 qui se cachait principalement dans le hameau d’Ezès sous l’impulsion d’un nommé Joseph Tarbouriech et du Maire de Massat, Georges Galy-Gasparrou  qui en était le responsable militaire. Michel et Aricie Sutra qui tenait le café du Port avaient en charge l’organisation et le ravitaillement du maquis. Malheureusement, c’est le jeudi 9 septembre 1943 que, suite à une dénonce, les allemands lancèrent une grande opération d’envergure, le village d’Ezès et le bourg du Port fut pris d’assaut. Il y eu des morts et grand nombre de prisonniers furent emprisonnés et déportés. Nos habitants vivaient dans la peur avec la mise en place du travail obligatoire en Allemagne (STO), les jeunes de la vallée tout comme les maquisards vécurent de longs mois dans les granges où ils étaient accueillis par certaines familles, la solidarité était présente malgré la pauvreté des habitants.

Après cette période difficile, l’exode rural n’a fait que s’accentuer, avec une reprise dans les années 1980 avec la venue des néos ruraux à la recherche d’une vie près de la nature,  jusqu’à nos jours où suite à la crise sanitaire, une nouvelle population désireuse d’une vie plus saine s’installe à nouveau.

1900-2020

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